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Conjoncture 2021-2022 Les machines agricoles en zone de turbulence

En 2021, les industriels du machinisme agricole espéraient qu’après deux années rendues difficiles par l’épidémie de Covid 19, 2022 marquerait un retour à la normale. Il n’en a rien été. L’attaque de l’Ukraine par la Russie, le reconfinement de la Chine et l’accélération de la spirale inflationniste multiplient leurs incertitudes.

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Le désarroi était palpable lors de la traditionnelle conférence de presse de bilan de l’année tenue par l’Axema, le syndicat de la filière des agroéquipements. L’examen seul des résultats économiques pour 2021 pourraient faire croire, qu’en France, tout va pour le mieux dans le meilleur du machinisme agricole. Il n’en est pourtant rien.  En effet en dépassant les 7 milliards d’euros (Md€), le chiffre d’affaires des agroéquipements a augmenté de 16 % par rapport à l’année précédente et dépasse des niveaux jamais atteints. Notre pays reste le premier marché européen, devant l’Allemagne (6,9 Md€), l’Italie (3,9 Md€) et le Royaume-Uni (2,8 Md€). Les industriels français battent également des records. Leurs carnets de commandes sont pleins pour les six prochains mois. Leur production a augmenté de 15 % pour atteindre les 5,5 Md€. Ceux-ci ont su trouver des débouchés à l’international puisque le montant de 4,1 Md€ de leurs exportations a gagné 28,1 % En revanche, cette année encore, ils ont peiné à équilibrer la balance commerciale dont le déficit s’aggravant de 19 % à 1,5 Md€ . Les importations battent en effet un record à 5,6 Md€ en progressant de 25,5 %.

Successions de stops and go

Aucun de ces chiffres en fortes croissance ne parviennent cependant à réjouir les responsables de la filière des agroéquipements. Ces derniers temps, leur métier de fabricant leur a davantage demandé de réagir à de multiples stops and go qu’à chercher à l’optimiser les flux de production. D’importants taux d’absentéisme de personnels empêchés par la Covid19 se sont ajoutés aux difficultés d’approvisionnement. Ils ont dû mobiliser des ressources pour stocker des machines inachevées et les compléter au fur et à mesure des arrivées de composants. Au début de 2022, les moyennes des délais de livraison des matériels sont passés à 19 semaines au lieu de 8 habituellement et ceux des tracteurs atteignent les 30 semaines. Les coûts de production qui ont gonflé d’environ 20 % en 2021 n’ont pas fini de s’envoler. L’acier s’est renchéri de 80 % depuis l’éclatement de la crise ukrainienne. Les salariés confrontés à une vie de plus en plus couteuse demandent de plus hauts salaires. En Allemagne, le syndicat IG Metal a déjà revendiqué une hausse de 8 % et en France elle pourrait approcher les 3 à 3,5 %. Les marges souffrent et les constructeurs réagissent en revoyant régulièrement leurs tarifs à la hausse. Ils s’inquiètent à présent de l’acceptabilité des prix par la clientèle notamment lorsque ceux-ci franchissent des seuils psychologiques. Déjà le retournement de tendance se manifeste. 70 % des adhérents de l’Axema témoignent d’une baisse des prises des commandes. Les télescopiques, la fenaison et les chargeurs frontaux appréciés par la polyculture-élevage font partie des familles de produits les plus touchés. En revanche, ceux pour les grandes cultures et la viticulture résistent encore.

Les chiffres de la filière française du machinisme agricole

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